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🧠 Apprendre, c’est comme un muscle : il faut s’entraüner chaque jour

Un été à contre-courant

Je n’ai jamais eu d’affinitĂ© particuliĂšre avec l’eau. Un souvenir d’enfance un peu traumatisant m’avait laissĂ© une certaine apprĂ©hension vis-Ă -vis de la natation. Mais cet Ă©tĂ©, j’ai dĂ©cidĂ© d’y faire face : j’ai retravaillĂ© les trois nages principales
 et appris le papillon.

Ce n’est ni une performance, ni un exploit personnel. C’est simplement un geste cohĂ©rent avec une conviction que je dĂ©fends au quotidien : apprendre est un muscle. Et comme tout muscle, il ne se dĂ©veloppe qu’à force de sollicitations rĂ©guliĂšres.

Le piùge de l’apprentissage utilitariste

Dans le monde professionnel — et tout particuliĂšrement au sein des PME — la formation est trop souvent perçue comme une rĂ©ponse ponctuelle Ă  un besoin immĂ©diat. Une compĂ©tence manque ? On forme. Un nouveau logiciel est dĂ©ployĂ© ? On propose un tutoriel.

Mais cette approche rĂ©ductrice transforme l’apprentissage en un outil de rĂ©paration, alors qu’il devrait ĂȘtre un levier de dĂ©veloppement. Comme l’a montrĂ© le dernier CLO Survey que j’ai conduit, plus de 78 % des entreprises interrogĂ©es ont dĂ©jĂ  souffert des consĂ©quences d’un manque de formation ou d’un investissement intervenu trop tardivement.

En d’autres termes : on se met à s’entraüner seulement quand la douleur devient trop forte.

Apprendre sans urgence : construire une posture

En apprenant le papillon, je n’ai rien acquis d’utile Ă  mon mĂ©tier. Mais j’ai renouĂ© avec une dynamique d’apprentissage : identifier une difficultĂ©, m’y confronter, progresser, corriger, recommencer.

Ce processus — que nous expĂ©rimentons souvent dans la sphĂšre personnelle — est exactement ce qui fait dĂ©faut dans de nombreuses organisations. Il s’agit d’apprendre sans urgence, sans pression directe, mais avec rĂ©gularitĂ© et exigence. Non pas parce qu’il « faut », mais parce que c’est devenu une posture professionnelle.

Stratégies concrÚtes pour favoriser cet « effet papillon »

Pour installer cette dynamique dans vos équipes, voici quatre leviers concrets à activer :

  1. Valoriser les apprentissages non professionnels
    Encourager les collaborateurs Ă  apprendre dans des domaines personnels (langue, sport, art) crĂ©e un effet ricochet sur la motivation au travail. Pourquoi ne pas proposer un budget “compĂ©tence libre” annuel ?
  2. Instaurer des dĂ©fis d’apprentissage internes
    Lancer un dĂ©fi collectif du type “1 nouvelle compĂ©tence en 30 jours” favorise l’esprit d’équipe tout en cultivant la curiositĂ© individuelle.
  3. Accompagner la sortie de zone de confort
    Former les managers Ă  repĂ©rer les signaux de stagnation cognitive dans leurs Ă©quipes, et les Ă©quiper pour proposer des micro-dĂ©fis adaptĂ©s : prise de parole, gestion transversale, mentorat inversé 
  4. Faire de l’apprentissage une posture, pas un outil
    Passer d’une logique de formation à une culture de l’apprentissage continu suppose un changement de cadre (blended learning bien conçu), mais surtout un changement de regard : on n’apprend pas parce qu’on est en retard, on apprend parce qu’on veut avancer.

Conclusion : l’effet papillon existe

Apprendre Ă  nager le papillon n’a pas changĂ© ma vie. Mais cela m’a rappelĂ© que l’apprentissage ne dĂ©pend pas toujours de son utilitĂ© directe. Il m’a permis de rĂ©activer une posture : celle d’un professionnel plus attentif, plus curieux, plus disposĂ© Ă  sortir de l’automatisme.

En formation, comme dans la vie, ce n’est pas l’usage immĂ©diat qui compte, mais le mouvement que l’on engage. Et c’est cette rĂ©gularitĂ© — bien plus que l’intensitĂ© ponctuelle — qui dĂ©veloppe les compĂ©tences durables.

Dans un monde oĂč les mĂ©tiers Ă©voluent Ă  grande vitesse, cette habitude — s’entraĂźner Ă  apprendre — est sans doute l’une des plus prĂ©cieuses Ă  cultiver.

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